- COSSA (F. del)
- COSSA (F. del)COSSA FRANCESCO DEL (1436 env.-env. 1478)Avec Ercole De’ Roberti (Ercole da Ferrara) et Cosme Tura, Francesco del Cossa est l’une des personnalités marquantes de l’école brillante et singulière qui se développe à Ferrare grâce à l’impulsion donnée aux arts et à la culture par Lionello, puis par Borso d’Este. Il est mentionné à Ferrare en 1456 et, de nouveau, en 1470 travaillant en collaboration avec Tura et Roberti au palais Schifanoia. La salle des Mois y constitue le plus fascinant décor profane de la Renaissance et une brillante évocation de la vie seigneuriale telle que la concevait l’idéal humaniste. Borso d’Este, qui succède en 1450 à son demi-frère Lionello et fait remanier en 1471 le palais édifié au siècle précédent, en demanda sans doute le programme à Pellegrino Prisciani, professeur d’astronomie et historiographe des maîtres de Ferrare. Les parois sont divisées horizontalement en trois zones: en haut, pour chaque mois, le Triomphe de la divinité tutélaire dans un char tiré par les animaux qui le symbolisent: aigles pour Jupiter (Juillet ), sangliers pour Mercure (Juin ), colombes pour Vénus (Avril ), etc.; dans la zone médiane, le signe zodiacal correspondant avec les symboles, parfois obscurs, des trois décans (il faut y voir, plutôt que des allégories morales, des figures allégoriques empruntées à l’astrologie orientale); dans la zone inférieure enfin, les occupations des mois, celles des villageois, des citadins, des courtisans, qui sont en fait une exaltation de la maison d’Este. La présence des puissances célestes présidant aux travaux et aux plaisirs d’un règne heureux donne à cette célébration une dimension supra-terrestre: l’âge d’or de Ferrare est inscrit dans les astres.Dans ces compositions, où le fantastique de l’inspiration et l’irréalisme des couleurs se mêlent au soin minutieux apporté aux détails de matière et d’ornement, la part qui revient à chacun des peintres est difficile à discerner. On donne généralement à Cossa les représentations des mois de mars, d’avril et de mai, exécutés sans doute en partie sur des dessins de Tura. Le Mois de mars , dominé par le Triomphe de Minerve et le signe du Bélier , montre Borso rendant la justice puis partant pour la chasse, tandis que des paysans sont occupés à tailler la vigne. Avril est le mois de Vénus qui apparaît entourée de diverses évocations de la fécondité, de couples d’amants, des Trois Grâces . Le signe, ici, est le Taureau étoilé , placé entre une femme vêtue d’une robe flottante, ce qui indique peut-être une prochaine maternité, et un homme sauvage, aux dents de sanglier, accompagné d’un cheval blanc et d’un petit chien. Le personnage symbolisant le deuxième décan (au-dessus du taureau) est nu, coiffé d’un turban à bourrelet, et tient son attribut traditionnel, une clé. Au-dessous, on voit Borso rentrant de la chasse et s’entretenant avec son bouffon, tandis que ses sujets assistent à la course du Palio. Le Mois de mai est endommagé dans la partie basse où l’on devine Borso recevant un panier de cerises, et une scène de moisson. Au-dessus figurent les Gémeaux puis Apollon entouré des Muses et de Pégase.À partir de 1472, Cossa est à Bologne où il signe la fresque de la Madone du Baracano puis réalise, en 1473, la grande Pala Griffoni (Saint Vincent Ferrier , National Gallery, Londres; Saint Pierre et saint Jean-Baptiste , musée Brera, Milan) dont Ercole De’ Roberti exécute la prédelle (1475-1477, Vatican); ces deux œuvres traduisent un sens monumental, qui est alors une nouveauté à Bologne, et indiquent l’orientation personnelle de Cossa: il a connu à Ferrare les fresques peintes en 1449 par Piero della Francesca, dont il retient l’ampleur; Tura lui a transmis, avec les leçons de Squarcione, de Mantegna et aussi de Donatello, un sens aigu de la définition des formes. Mais l’interprétation qu’il donne de ce style, par rapport à celle de Roberti notamment, est d’une énergie plus appuyée, d’une imagination moins frénétique. L’Annonciation (musée de Dresde), œuvre du seul Cossa, en est le témoignage, tandis qu’on doit reconnaître la collaboration de Roberti dans les éléments décoratifs, le paysage, les animaux du Retable de saint Lazare (musée de Berlin), alors que les figures de saints, plus figées, reviennent à Cossa.
Encyclopédie Universelle. 2012.